interview de Vipère au poing Elie

Jean, sur cette photo, votre mère paraissait gentille et agréable; pourquoi est-elle devenue si autoritaire?

-En fait, j'ai lontemps vécu avec ma grand-mère et Frédie. Pendant tout ce temps, je n'avais pas de nouvelles de ma mère, qui m'a quitté très tôt. C'est seulement après l'avoir retrouvé que je me suis aperçu de sa cruauté. Au fond, je lui ressemblais beaucoup;elle me l'a même révélé. Mais je ne pouvais pas supporter son éducation. Elle voulait tellement être respectée, ne rien avoir à se repprocher et se différencier par son nom de famille, qu'elle étouffait tout le monde avec qui elle vivait.

Comment vous comportiez-vous lorsqu'elle prenait tous les pouvoirs et les décisions?

-Parfois, j'avais envie de me "réfugier" du côté de mon père. Ma mère me l'interdisait. Je me suis lontemps demandé comment pouvait-il vivre avec elle. Mais j'ai vite compris que ce n'était qu'une histoire d'argent.
Je pensais souvent à ma grand-mère, qui m'aimait tant. Je regrette encore que Dieu ne nous l'ait rendue.

Sur cette photo, vous fixiez votre mère. Ne trouvez-vous pas que vous provoquiez parfois ses réactions?

-Non, je voulais simplement m'affirmer et prendre ma place dans la famille, comme la plupart des adoslescents. J'aurais voulu qu'elle me traite autrement. Après tout, pourquoi ne voulait-elle pas que nous vivions comme les autres, que j'aille à l'école plus tôt? Elle voulait être reconnue comme Mme REZEAU, appartenant à la haute Bourgeoisie. Elle comprenait très bien le message que je lui passais à travers le regard.

Vous sentiez-vous déjà assez mûre lorsque vous avez fugué seul?

-Oui, d'ailleurs, cette aventure m'a beaucoup appris, car je ne voyais pas souvent le monde extérieur. Je me sentais libre et grand.